L’éloge du politiquement correct
C’est ainsi que notre aspirant à l’élection présidentielle de 2017 voit quatre raisons pour lesquelles il n’y aurait pas de fatalité aux délocalisations, ce qui permettrait à la France d’envisager un avenir industriel. Première raison selon lui : il suffit d’investir dans les industries d’avenir. En effet, si la sidérurgie n’emploie plus que 20 000 salariés aujourd’hui (dix fois moins qu’il y a 35 ans), nous pouvons compenser avec les nouveaux marchés, comme le développement durable ou la voiture électrique.
Ensuite, les délocalisations ne se révèleraient pas toujours si intéressantes puisque les salaires progressent plus vite dans les pays émergents (l’écart de salaire entre la France et la République Tchèque est passé de 1 à 8 à 1 à 5…). En outre, la taxe carbone devrait renchérir les coûts de transport et pénaliser les importations. Enfin, on pourrait baisser le coût du travail, par une augmentation de la productivité, un transfert des cotisations sociales sur la TVA ou en « travaillant plus pour gagner autant » !
Une vision dépassée du libre-échange
Comment ne pas être choqué par l’indigence de ce raisonnement. Jean-François Copé devrait savoir que la Chine a pris le leadership de l’éolien et que l’Europe a bien du mal à s’imposer dans les nouvelles technologies. Ensuite, si les écarts de salaire se réduisent, non seulement ils restent considérables, mais en plus, les industriels trouveront toujours un pays où ils sont moins élevés. Il se passera assez de temps pour que l’industrie Française disparaisse avant que les salaires Chinois rattrapent les nôtres.
D’ailleurs, il suffit de constater à quel point nos constructeurs automobiles délocalisent puisque la part de la production faite en France est passée de 60 à 40% de 2004 à 2008 ! Si l’idée de la TVA sociale est intéressante, le moins que l’on puisse dire est que la majorité semble frileuse sur le sujet. Quant à l’idée de demander aux Français de travailler plus pour un même salaire, elle montre surtout à quel point le libre-échange a un effet dépressif sur les salaires et le pouvoir d’achat.
Face à des Français qui comprennent tous les jours davantage les risques des délocalisations, Jean-François Copé tente d’avoir un discours rassurant. Mais sa dernière proposition démontre de manière transparente la logique du moins-disant social du « laisser passer »…
Laurent Pinsolle